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PARIS

se font aussi un devoir d’assister à la messe, et j’ai été souvent édifié de voir la foule se presser dans plusieurs églises de Paris. Les femmes surtout envahissent les nefs à certaines heures, et quand un prédicateur de renom doit se faire entendre, le nombre des hommes augmente. Malheureusement tous ne s’y tiennent pas irréprochablement, et de manière à édifier l’assistance.

J’en ai remarqué souvent qui ne paraissent se rendre à l’église que pour accompagner leurs femmes. Ils sont superbes de mise, de tenue, et de respect… pour leurs propres personnes.

Ils ne s’agenouillent jamais, suivant le précepte de J. J. Rousseau, et ils se tiennent constamment assis, ou debout. Plier le genou devant Dieu ! Fi donc ! Ils croiraient manquer à leur dignité, en le faisant ! S’agenouiller devant une courtisane en chair et en os, cela se comprend ; mais devant un Être qu’on ne voit, pas, et qu’on n’entend pas, et dont tant de beaux esprits osent douter, ce serait puéril ! Il faut avant tout qu’un parisien se respecte, et se fasse respecter !

Au moment de l’Élévation, ils se dressent tout d’une pièce, se croisent les bras sur la poitrine, et inclinent légèrement la tête, par considération pour leurs femmes qui sont alors prosternées. Ils ne croient pas devoir refuser à Dieu ce qu’ils accordent à l’inconnu qu’ils rencontrent dans la rue, et que leurs femmes saluent. Ils inclinent légèrement la tête devant ce grand Inconnu que leurs femmes adorent !