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PARIS

« Louis Seize, le jour de sa noce royale
Avait déjà le pied sur la place fatale
Où, formé lentement au souffle du Très-Haut
Comme un grain dans le sol, germait son échafaud ! »

Laissant derrière moi la place lugubre qui rappelle tant de tragédies, je m’aventurai dans les Champs-Élysées. C’est une belle promenade plantée d’arbres et de fleurs, percée d’une immense avenue, sillonnée d’équipages, parsemée de cafés, de kiosques, et de petits théâtres. La perspective en est très belle.

À droite s’élève au milieu d’un massif d’arbres l’Élysée-Bourbon, joli palais qui appartenait au milieu du XVIIIe siècle à la Marquise de Pompadour, dont les Canadiens tiennent la mémoire en si grand mépris. Il sert aujourd’hui de résidence au Président de la République.

Le Président a pour voisins des hommes qui par les idées qu’ils représentent forment avec lui un groupe étrange. Ce sont, le Duc d’Aumale, personnifiant la royauté, M. Rouher représentant l’empire et M. Rothschild, le roi de la finance. Lequel de ces quatre pouvoirs est le plus solide ?

C’est triste à constater, mais il n’est pas douteux que le roi de l’avenir est celui de la finance.

C’est au Palais de l’Élysée que vint dans la soirée du 20 juin 1815 Napoléon I, de retour de Waterloo. C’est là qu’il abdiqua deux jours après, et que, victime de la trahison et de la faiblesse, il comprit qu’il devait quitter Paris pour n’y plus rentrer. De l’Élysée il se rendit, à la Malmaison où s’étaient écoulées les