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PARIS

un peu revenu — comme des géants, ou des êtres surhumains !

Et soudain, un beau matin, il s’éveille dans une chambre d’hôtel, il court à la fenêtre, et il aperçoit en face de lui les Tuileries !

Jugez de son émotion.

La mienne fut vive. Mais puisque j’ai avoué cet enthousiasme d’enfant, on me permettra d’avouer aussi que le désenchantement ne s’est pas fait attendre.

Quoi ! me suis-je dit en sortant de l’Hôtel-du-Louvre, ce sont là les Tuileries ? Cette longue et uniforme maçonnerie qui fait face à la rue de Rivoli, et qui n’est pas assez haute, ni assez ornée, c’est le Palais des Souverains de la France ?

Je m’attendais à autre chose. Cette première impression fut heureusement modifiée lorsque je vis l’autre façade du palais et les divers pavillons qui le composent.

J’entrai dans le jardin, et je jetai un coup d’œil sur la partie ouest du Palais.

Ô désolation ! C’est un amas de ruines noircies par la flamme. Quels sont donc les vandales qui ont incendié ce grand édifice ? Hélas ! Ce ne sont pas des vandales, ce sont des français qui placèrent dans ces murs des barils de poudre et des matières inflammables qu’ils arrosèrent de pétrole et qui y mirent le feu. Voilà ce que la Révolution, qui se