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II

PREMIÈRE PROMENADE.



J’AVOUERAI candidement que j’éprouvai une grande allégresse à mon réveil, en pensant que j’étais à Paris.

Les Parisiens, c’est-à-dire ceux qui naissent et vivent dans Paris, ne comprendront pas cela. Mais il en est bien autrement pour un touriste canadien, c’est-à-dire, pour un voyageur qui a du sang français dans les veines, qui est né à 1500 lieues de la France et qui ne l’a jamais vue !

Dès sa plus tendre enfance il a entendu parler de cette ancienne mère-patrie, où ses ancêtres ont vécu. Il a appris son histoire, il s’est réjoui de ses gloires, il s’est affligé de ses malheurs, il s’est même exagéré sa grandeur, et le rêve de ses jeunes années a été de voir Paris, la capitale de sa France tant aimée.

Par leurs journaux, par leurs livres, il a connu, étudié, admiré, les écrivains, les penseurs, les hommes d’état que Paris voit éclore, grandir et s’éteindre, et son imagination les lui a représentés tous — j’en suis