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PARIS

C’est juste, et pour leur prouver nos sympathies, nous entonnons ce couplet de Béranger :

« Qu’il va lentement le navire
« À qui j’ai confié mon sort !
« Au rivage où mon cœur aspire,
« Qu’il est lent à trouver un port !
« France adorée !
« Douce contrée !
« Mes yeux cent fois ont cru te découvrir.
« Qu’un vent rapide.
« Soudain nous guide
« Aux bords sacrés où je reviens mourir.
« Mais enfin le matelot crie :
« Terre ! terre là-bas, voyez !
« Ah ! tous mes maux sont oubliés
« Salut à ma patrie ! »

La joie déborde de nos cœurs toujours français. La voilà donc cette France d’où sont partis nos ancêtres. La voilà donc la patrie des Cartier, des Champlain et des Montcalm ! Les voilà ces rivages bénis que depuis si longtemps nous désirons voir et embrasser avec amour ! Avec quel bonheur nous entendons déjà retentir à bord les accents de cette belle langue française, que nous ne parlons plus depuis six semaines !

Cette petite ville en amphithéâtre, adossée à un château-fort, c’est Calais, et son nom me rappelle certains contes de mon enfance. Cette vieille église, qui domine la ville c’est Notre Dame, vers laquelle bien des marins en péril ont tourné leurs yeux et leurs pensées. Elle date du onzième siècle. Le