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PARIS

Je l’ai vu se convertissant radicalement, se consacrant au Seigneur, et devenant bientôt Archevêque de Cantorbery, ce qui était la plus haute dignité ecclésiastique de l’Angleterre.

Mais l’ami intime du roi disparaît dans l’Archevêque, et quand le roi veut empiéter sur les droits de l’Église, il voit son ancien ami se dresser devant lui, et lui opposer le non licet apostolique que tant de souverains ont entendu.

La guerre éclate alors entre le despote conquérant et l’évêque, et, un jour, le serviteur de Dieu, pour échapper à la vengeance de son terrible ennemi, traverse cette mer dans une chaloupe de pêcheur.

Pendant sept ans viennent se joindre aux douleurs de l’exil, tous les déboires, tous les abandons, toutes les trahisons, toutes les persécutions. Mais l’Archevêque lutte toujours, et toute l’Europe a les yeux sur lui, partagée entre l’amour et la haine, entre le blâme et l’admiration.

Les autres évêques de l’Angleterre faiblissent ; des cardinaux romains, trompés par les hypocrites protestations de Henri II, prennent fait et cause contre le grand prélat. Mais lui, toujours debout et toujours ferme, excommunie les évêques anglais, et dénonce même au Pape la conciliation impossible et injuste que tentent toujours quelques-uns de ses conseillers.

Hélas ! la cause que défendait St-Thomas de Cantorbery, et qui avait pour objets l’indépendance de l’Église et les immunités ecclésiastiques, ne devait triompher que par le martyre de son défenseur. Les