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L’ANGLETERRE

triction et l’organisation du suffrage électoral protègent encore la stabilité du gouvernement anglais.

Mais là aussi le désordre menace de s’introduire.

Il est bien pénible de voir aujourd’hui des hommes comme M. Gladstone et le noble marquis de Hartington travaillant à créer un mouvement de l’opinion publique en faveur du suffrage universel !

Comme feu M. Thiers, M. Gladstone aime le bruit, et ne veut pas qu’on oublie qu’il existe. Tous les moyens lui sont bons pour refaire sa popularité, et après avoir caressé les préjugés protestants en dénonçant le Pape et le Concile du Vatican, et tous les catholiques à l’animadversion des anglais, il caresse aujourd’hui les mauvais penchants du peuple et lui prêche l’égalité.

Il est devenu radical, et s’il savait quels malheurs il prépare à sa patrie en voulant lui donner pour roi le suffrage universel, il serait bien coupable.

Quand il aura réussi, les institutions qui ont assuré à l’Angleterre des siècles de grandeur et de prospérité tomberont en ruines.[1]

C’est là le danger qui menace l’avenir de l’Angleterre à l’intérieur. Mais d’autres dangers non moins graves le menacent aussi à l’extérieur, et le temps n’est peut-être pas bien éloigné où cette grande puissance maritime verra ses colonies lui échapper les unes après les autres.

  1. Ces lignes ont été écrites il y a quelques années.