Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

neur, et de vingt-quatre directeurs, et je m’imagine qu’elle tient dans ses mains bien des fils mystérieux, qui pourraient faire sauter au besoin les gros bonnets de la finance dans tout l’empire britannique et dans l’Europe.

En traversant ses comptoirs et ses bureaux, sillonnés de gens affairés et inquiets, en examinant ses presses qui impriment 15,000 billets de banque par jour, j’étais tenté de m’écrier : vive la pauvreté ! La spéculation ne l’empêche pas de dormir, et elle est indépendante de la Banque d’Angleterre !

Le Royal Exchange qui est en face est vraiment un joli édifice, et le démon de l’argent doit être fier de ce temple. Je vous dirais sans doute les intrigues compliquées qui s’y jouent, si j’étais un des privilégiés de Lombard Street.

En retournant à Charing Cross, je m’arrête à la Galerie Nationale. Elle est de pauvre apparence et semble abandonnée. Les artistes sont plus rares que les agioteurs.

L’intérieur est cependant assez riche en tableaux. Toutes les écoles de peinture y comptent quelques chefs-d’œuvre — sauf peut-être l’école espagnole qui est négligée. L’école française n’y est pas non plus suffisamment représentée.

Pour être juste, il faut dire que si la galerie nationale de Londres n’est pas aussi complète qu’on pourrait le désirer, il y a dans cette ville des galeries privées qui possèdent d’inappréciables trésors. Car l’anglais a ce goût particulier, qu’il tient à posséder