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Dans l’intervalle, plusieurs des régicides avaient été exécutés à l’endroit même où nous la voyons maintenant.

M. Francis Wey s’est moqué bien spirituellement de la statue de Nelson, qui est à côté au sommet d’une haute colonne cannelée. Rions en moins, et observons seulement que le paratonnerre qu’elle porte n’est pas, après tout, si ridicule, puisqu’il indique que les foudres de guerre ne sont pas à l’abri des foudres du ciel.

En poursuivant notre promenade nous entrons bientôt dans Cheapside.

Sur la droite s’ouvre une ruelle nommée la Rue du Pain (Bread Street), et presqu’en face on a eu le soin d’en nommer une autre Milk Street, pour nous faire croire que les habitués n’y mangent pas leur pain sec. Je le crois sans peine, mais je soupçonne que ce n’est pas dans le lait qu’ils le trempent.

Ce qui est certain, c’est qu’autrefois il y avait dans cette Rue du Pain une taverne célèbre, et que les amis qui s’y rencontraient aimaient mieux le vin que le lait. C’étaient Shakespeare et Raleigh, Ben Johnson et ses jeunes amis Beaumont et Fletcher, qui y composèrent sans doute une partie de leurs pièces dramatiques.

Dans cette rue naquit aussi l’immortel auteur du Paradis Perdu

Fleet Street qui est voisine rappelle d’autres tavernes restées célèbres à cause des chalands illustres qui