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« Le procureur-général représenta dans son réquisitoire que Charles Stuart, élevé au trône d’Angleterre, et investi d’un pouvoir limité, avait traîtreusement et criminellement fait la guerre à la nation et à ses représentants, dans le dessein d’établir un gouvernement despotique et que comme tel, pour ces raisons, il l’accusait, de la part de la nation, de tyrannie, de trahison et de meurtre, et le dénonçait à la haute cour de justice, comme l’ennemi irréconciliable de la république.

À peine le procureur-général eut prononcé ses conclusions, que le roi demanda par quelle autorité il était traduit devant ce tribunal, et dit aux juges de se rappeler qu’il était leur roi, leur légitime roi, et les avertit de ne pas souiller leurs mains d’un crime qui retomberait sur tout le pays. Ludlow rapporte que Charles interrompit le secrétaire qui lisait, pour dire : Ce n’est pas de mon peuple que je tiens la couronne, elle m’appartient par droit de naissance. »

Le président répondit au roi qu’il était poursuivi en justice au nom et par l’autorité du parlement assemblé et du bon peuple d’Angleterre. Charles objecta que le parlement était nécessairement composé de la chambre-basse, des lords et du roi.

« Je tiens mon pouvoir de Dieu, ajouta-t-il, et en vertu de ma naissance, et je ne le compromettrai pas en répondant à une autorité illégitime et à des juges incompétents. Faut-il vous rappeler encore que je suis votre souverain héréditaire, et que la nation entière, fût-elle en pleine liberté de faire