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« Armés de pied en cap, ou armés à la légère, levez-vous, partez !

« Préférez-vous la vie de ce monde à la vie future ?

« Ô croyants ! qu’arrivera-t-il de vous si, quand on vous appelle à la bataille, vous restez le visage tourné vers votre seuil ?

« Croyez-moi : les portes du paradis sont à l’ombre des épées.

« Celui qui meurt dans la bataille pour la cause de Dieu lave dans son sang toutes les taches de ses péchés.

« Son corps ne sera pas lavé comme les autres cadavres, parce qu’au jour du jugement ses blessures répandront un parfum comme le musc.

« Quand les guerriers se présenteront à la porte du paradis, une voix demandera de l’intérieur : Qu’avez-vous fait pendant votre vie ?

« Et ils répondront : Nous avons brandi l’épée dans la lutte pour la cause de Dieu.

« Alors les portes éternelles s’ouvriront, et les guerriers entreront, quarante ans avant les autres.

« Levez-vous donc, croyants ; quittez vos femmes, vos fils, vos frères, vos biens, et allez à la guerre sainte.

« Et toi, ô Dieu, maître du monde présent et du monde futur, combats pour les armées de ceux qui reconnaissent ton unité ! Renverse les incrédules, les idolâtres, les ennemis de la sainte foi ! Brise leurs étendards, et remets-les avec tout ce qu’ils possèdent en butin aux mains des Musulmans ! »

Voilà les hymnes que chantaient les Maures ! Voilà comment ils devinrent des guerriers si redoutables ; et