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Mais notre impatience de voir l’Alhambra nous fit descendre bien vite de ces hauteurs ; et nous arrivâmes par un chemin embaumé, en écoutant la musique des ruisseaux qui descendent des Sierras voisines.

L’Alhambra est le chef-d’œuvre de l’art mauresque, et l’on s’étonne, en le contemplant, que le génie musulman ait pu produire une telle merveille

Ce n’est pas seulement un palais, ou plutôt une réunion de palais jetés comme au hasard au milieu de jardins féeriques, c’est encore une forteresse et des plus formidables. Quand on aperçoit d’en bas, c’est-à-dire de la ville, ses hautes murailles percées de meurtrières, ses bastions et ses tours crénelées qui se dressent au sommet d’une montagne escarpée, l’on comprend le caractère essentiellement militant de l’Islamisme.

C’est par la force des armes qu’il voulait imposer ses croyances, et il avait rêvé de conquérir l’univers. Le Coran lui-même était bien fait pour fanatiser ses croyants, et les exciter à la guerre. Sous les voûtes sombres des mosquées, lorsque la foule se prosternait le front dans la poussière en adorant Allah, la voix de leurs pontifes s’élevait, et leur lisait ces textes du Coran qui les électrisaient :

« Allah a ordonné de combattre les peuples, jusqu’à ce qu’ils reconnaissent qu’il n’y a qu’un Dieu.

« La flamme de la guerre ne s’éteindra pas jusqu’à la fin du monde.

« La bénédiction tombera sur la crinière du cheval de guerre jusqu’au jour du jugement.