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LE NORD DE L’ESPAGNE ET BURGOS
Après vous avoir raconté dans ma dernière lettre mon entrée imaginaire en Espagne, il me semble convenable, dans un journal sérieux comme la Minerve, de vous faire maintenant un récit vrai, plus vrai qu’une réclame, ou un programme politique.
Je ne vous décrirai pas Biarritz, qui, à cette saison de l’année, (décembre) grelotte au bord de la mer, aussi glacée par l’isolement que par les souffles du Nord qui troublent si profondément la baie de Biscaye.
Je passe également sous silence Saint-Jean-de-Luz, et les paysages pittoresques qui s’étendent sous nos yeux depuis cette petite ville jusqu’à Irun.
Irun est la première station espagnole, et nous avons franchi la frontière sans tambour ni trompette, sans brûler une cartouche, sans montrer nos passeports, sans la moindre émotion. Ô pays du Cid ! ce n’est pas ainsi qu’on entrait jadis dans tes redoutables Pyrénées.
Les anciens chevaliers de Don Rodrigo del Vivar sont aujourd’hui remplacés par des officiers de douane,