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qu’ils portent l’hiver, leur tunique serrée à la ceinture et ornée dans le dos de dessins allégoriques, rappellent d’une curieuse façon les varlets du quinzième siècle. Les officiers et les nobles portent plusieurs tenues suivant les circonstances ; mais, en tous cas, ne se séparent jamais, hors de chez eux, des deux sabres passés dans leur ceinture, et qui sont le principal indice de leur rang ; en visite, ils déposent dans l’antichambre leurs sandales et le plus grand des deux sabres. Ils ont la tenue de ville, avec une sorte de surplis en soie dépassant les épaules comme deux ailes ; la tenue de cour aux longs vêtements traînant à terre ; la tenue d’incendie, avec un casque en métal et un voile épais masquant la figure ; l’armure de combat, semblable à celle de nos anciens chevaliers, qu’ils ne revêtent qu’en temps de guerre. Les véritables nobles ont même dans leur garde-robe une tenue de suicide en étoffe blanche (la couleur du deuil), celle qu’ils revêteront le jour où, coupables d’une faute qui jette le déshonneur sur eux et leurs proches, ils auront la ressource de les soustraire ainsi qu’eux-mêmes à ce déshonneur en s’ouvrant le ventre en présence de leur famille assemblée[1]

  1. Cet usage du suicide paraît s’être conservé dans les hautes classes japonaises ; par cette mort volontaire, le noble japonais sauve son honneur aux dépens de sa vie, ou bien il se venge de celui qui l’a offensé. Dans ce second cas, en effet, les proches