Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sa complicité, rien ne prouvera qu’il ne fût pas à même d’en informer à temps le ministre, et de prendre les mesures nécessaires pour l’empêcher.

Les ministres demandèrent à leurs gouvernements une garde européenne ; des marins et des soldats furent affectés à la garde des légations. Ce n’était pas sans doute le compte du gouvernement japonais ; on ne peut mettre en doute qu’il n’eût, dès l’origine, le désir d’éloigner de Yedo les représentants des puissances, les seuls étrangers jusqu’alors admis à y résider. Il les voyait donc, au lieu de fuir devant un danger de tous les jours, faire venir quelques troupes et inaugurer un système de défense militaire autour des légations. Son but n’ayant pas été atteint par cette voie, il en prit une autre : la surveillance des Yakounines redoubla ; il en fut affecté à la garde des soldats des détachements ; l’obsession de ces véritables geôliers était de toutes les heures, et s’exerçait jusque dans les couloirs et au seuil des appartements. Bref, fatigués de cette surveillance que rien ne parvenait à ralentir, les ministres de France, d’Angleterre et de Hollande abandonnèrent Yedo, où ils ne devaient plus aller que pour la discussion des affaires importantes, et, plutôt que de laisser leur influence s’user dans cette espèce de prison qui leur y était faite, vinrent s’établir à Yokohama, au milieu de leurs