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leur résidence et celle du personnel de leurs légations. Ces demeures étaient regardées comme provisoires, en attendant la construction d’édifices mieux appropriés à cette destination, et il avait fallu, pour les obtenir, lutter contre mille arguments des Japonais, tendant à persuader aux ministres de résider à Yokohama. Ils insistèrent pour venir à Yedo ; mais, à peine y étaient-ils installés, que le gouvernement japonais, alléguant une certaine excitation des esprits et le danger que couraient les ministres au milieu d’une ville fréquentée par les gens de tous les partis, traversée par les cortéges des Daïmios venus de toutes les provinces de l’empire, entoura les légations d’une garde nombreuse de Yakounines (officiers du Taïcoun) ; ces derniers campèrent aux issues de ces habitations, dans les jardins, dans les cours, et s’attachèrent aux pas de toute personne qui s’aventurait dans la ville.

Un malheureux événement vint toutefois prouver que ces précautions n’étaient pas superflues, quel que fût le motif des Japonais en y assujettissant les étrangers. Le 19 janvier 1861, le secrétaire de la légation américaine, M. Heusken, était assassiné dans les rues de Yedo. Les ministres de France, d’Angleterre et de Hollande se retirèrent momentanément à Yokohama, protestant par cette conduite contre l’incurie du gouvernement du Taïcoun