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faire tout craindre d’un parti débutant par des assassinats individuels.

Le gouvernement de Yedo se trouva donc, dès les premiers temps, placé vis-à-vis de ses nouveaux hôtes dans une situation des plus difficiles. S’étant toujours posé comme le seul et véritable gouvernement du Japon, il ne tardait pas à donner des preuves, sinon de son impuissance, au moins de son isolement au milieu d’une immense faction, et de sa faiblesse à en réprimer les menées. Les représentants des puissances étrangères comprirent qu’ils n’avaient pas traité avec la nation japonaise, qu’ils n’étaient pas arrivés avec l’assentiment des principaux du pays ; le gouvernement de Yedo avait peut-être, en signant les traités, outrepassé ses prérogatives, et, d’autre part, on avait exigé de lui des concessions trop larges pour un début ; plus restreintes, plus prudentes, ces clauses eussent rencontré plus de facilité dans l’exécution. Leur politique fut donc dès lors, en présence de l’effervescence croissante d’une partie du pays, de céder en protestant et d’attendre, tout en réservant les droits de leurs gouvernements, des circonstances plus favorables à la stricte observation des traités. Trop d’exigences pouvaient amener une catastrophe et l’on pouvait encore espérer une solution pacifique.

Ainsi que nous l’avons vu, de grands temples avaient été concédés aux ministres étrangers pour