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les ambassadeurs venus pour négocier les traités. Toutefois, on ne tarda pas à remarquer une certaine froideur, une réserve de plus en plus accusée chez les indigènes appartenant aux classes supérieures. Elles se traduisirent, tout d’abord, par un refus d’engager toute espèce de relations intimes, et l’on vit s’inaugurer dans les rapports de chancelleries, le système de réticences, de petites vexations dont le gouvernement de Yedo devait faire si longtemps usage. Les classes inférieures, sans doute, là où elles se trouvaient en contact immédiat avec les étrangers, parurent satisfaites d’un état de choses qui leur apportait le bien-être et la richesse ; mais on ne doit pas oublier la distance énorme, qui, au Japon, sépare les classes gouvernantes du peuple, et la soumission absolue dans laquelle elles maintiennent ce dernier.

On a souvent accusé la rapacité et la conduite hautaine et peu conciliante des premiers négociants étrangers établis au Japon, d’avoir amené ce fâcheux état de choses. Des lettres, des écrits ont rejeté sur eux tout le blâme, et, dernièrement encore, dans une chambre anglaise, plusieurs orateurs se faisaient l’organe de ces accusations. Ceux qui ont vu les choses de près ne peuvent soutenir sérieusement cette thèse. Les premiers arrivants, se présentant avec confiance et sans protection armée au gouvernement qui leur ouvrait ses ports,