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pu profiter, dans ces circonstances difficiles, de la médiation récemment promise, le gouvernement de Yedo céda. À la fin de 1858 furent successivement signés à Yedo avec le comte Poutiatine, lord Elgin et le Baron Gros, trois traités identiques à celui qu’avait obtenu M. Harris ; naturellement, toute clause d’intervention étrangère fut écartée de leur rédaction. Les Hollandais, les paisibles habitants de Décima, ne pouvaient être oubliés dans ce jour des concessions générales ; le même traité leur fut accordé.

Ainsi donc, en quelques mois et sans efforts apparents, les grandes puissances avaient vu le Japon, abandonnant les dernières traditions de sa politique d’isolement, accepter des traités rédigés sur les plus larges bases. Il n’y eut pas, à cette époque, assez de voix pour proclamer le brillant avenir du nouvel état de choses, la future prospérité du pays qui s’ouvrait avec tant d’empressement à la civilisation occidentale, et l’impulsion nouvelle qu’allait en recevoir le commerce dans l’extrême Orient. Chaque jour, cependant, devait amener une déception, même pour ceux qui avaient été les plus modestes dans leurs espérances. Comme nous le verrons plus loin, ces traités en s’introduisant dans une société malgré la volonté d’une partie de ses membres, allaient rencontrer dans leur exécution des difficultés insurmontables et amener peu à peu une crise violente.