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sans doute de cacher aux puissances étrangères ses moyens d’action et aussi ses faiblesses, a, de tous temps, prohibé les moindres révélations à cet égard : toute infraction est punie de mort, et telle est l’étendue de cette obéissance absolue dont nous avons parlé plus haut, que l’étranger admis au Japon, en contact journalier avec ses habitants, continue à ignorer ce qui se passe autour de lui, à quelques lieues plus loin. De rares communications officielles d’une douteuse exactitude, l’aspect vague et extérieur des événements, des bruits apportés par la rumeur populaire, tels sont les seuls éléments qu’il lui soit donné de recueillir ; delà des opinions diverses, l’impossibilité de produire un ensemble bien coordonné de faits, et la nécessité de faire des réserves toutes les fois que l’on traite de pareilles matières.

On peut attribuer à trois causes la résolution décisive que venait d’adopter en 1854 la cour de Yedo, mais sans pouvoir préciser laquelle y entrait pour la plus grande part. D’abord ce gouvernement, obéissant à un sentiment de crainte, inaugurait une politique de temporisation et de ménagements en attendant l’heure où il pourrait se prononcer en connaissance de cause ; ensuite, il pouvait trouver dans l’admission prudente des commerçants étrangers et le contact de la civilisation occidentale, un grand intérêt pour le pays. En troisième lieu, se réservant