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perdit celui d’en destituer les possesseurs. Il devint donc, on le voit, un instrument docile au nom duquel le parti le plus puissant imposerait ses volontés : c’est ainsi que, jusqu’à nos jours, les successeurs d’Yyéas ont gardé leur suprématie sur une noblesse fière de son origine et encore puissante.

À Yedo, devenue la vraie capitale, les Siogouns, quittant ce nom qui rappelait leurs anciennes fonctions de généralissime, pour celui de Taïcoun par lequel on les désigne aujourd’hui, organisèrent un puissant pouvoir centralisateur. Un premier ministre ou Gotaïro, le Gorogio ou conseil des Cinq, élu parmi les grands princes, et le second conseil ou Wakadouchiori, se partagèrent la direction des affaires, confiées pour l’exécution à de nombreux fonctionnaires subalternes. La dignité du Taïcoun ne fut pas héréditaire ; trois maisons princières, descendues des trois fils d’Yyéas[1], les Gosanké, furent appelées à l’honneur de fournir les empereurs temporels, élus par les deux conseils de l’empire et confirmés par le Mikado.

Le point le plus curieux de cette savante organisation est une obligation imposée, depuis Yyéas, aux Daïmios et à laquelle les Koksis eux-mêmes sont tenus de se soumettre.

Chaque prince possède à Yedo un ou plusieurs

  1. Ces maisons sont celles de Mito, de Kiisiou et d’Owari.