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le comptoir hollandais de Décima. Tous les quatre ans le directeur de la factorerie se rendait en grande pompe dans la capitale pour offrir à l’empereur de riches présents et faire, en quelque sorte, acte de soumission ; il est resté de curieuses relations de ces voyages, à travers un pays riche, excessivement populeux, et jouissant désormais d’une paix profonde, après des siècles de guerres civiles.

À l’extérieur, rien ne vint également troubler cette quiétude, sauf, de temps à autre, l’éphémère apparition de quelque navire de guerre cherchant en vain à nouer des relations avec les autorités indigènes ; et, au commencement de ce siècle, en 1808 et 1813, quelques tentatives des Anglais pour surprendre et occuper la factorerie de Décima ; elles échouèrent devant la vigilance des Hollandais et l’attitude hostile des batteries japonaises qui défendaient la rade de Nagazaki.

Depuis l’année 1640, où le dernier chrétien fut expulsé du sol du Japon, jusqu’au jour ; tout récent, où ce pays vient d’être ouvert une seconde fois aux nations étrangères, sa constitution intérieure paraît être restée complétement stationnaire : les rapports sociaux, les mœurs, les usages, sont demeurés ce qu’ils étaient au temps des Portugais. C’est pourquoi l’étude de cette société, organisée d’une façon définitive et jouissant pendant deux cents ans d’une tranquillité profonde, est d’un grand intérêt pour