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ments se développent chez le peuple japonais. Il est peut-être cependant une classe mieux préparée que les autres à cette transformation d’idées : c’est celle des petits officiers et fonctionnaires, plus instruite, en contact journalier avec les étrangers (les transactions commerciales se font par leur intermédiaire), ayant dans deux ambassades entrevu et paru vivement apprécier la civilisation européenne. Quelques rapides fortunes faites exceptionnellement parmi eux, grâce au talent ou à la faveur, y ont nécessairement développé l’esprit d’ambition ; la fréquentation journalière et immédiate des hautes classes diminue pour eux le prestige presque sacré qu’elles exercent sur le peuple. C’est donc parmi eux que pourrait germer tout d’abord l’esprit d’indépendance.

Il ne faut pas compter pour cette transformation sur l’influence du christianisme, au moins dans les conditions actuelles. Admis par les traités à exercer le culte chrétien pour leurs coreligionnaires, les missionnaires trouvent à la porte de leurs temples une barrière invisible, mais infranchissable, qui ferme absolument le Japon à leurs efforts[1]. Nous pensons donc qu’au lieu d’y préparer, comme

  1. Dans les premiers temps de leur arrivée au Japon, les missionnaires cherchèrent à faire secrètement des prosélytes ; mais les indigènes qui avaient paru les écouter ne tardaient pas à disparaître sans qu’il fût possible d’avoir de leurs nouvelles. Les