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Tous les gouvernements sont, à l’heure qu’il est, auprès du gouvernement de Yedo, sur le pied d’égalité consacré par les traités de 1858, à part l’influence que peut leur donner dans ses conseils la puissance de leurs pays respectifs. Ils s’observent néanmoins mutuellement, et cette sorte de rivalité est la sauvegarde du Japon. Sans elle, ce riche pays deviendrait facilement la proie exclusive d’une nation résolue à faire quelques sacrifices pour sa conquête partielle ou totale. La scission actuelle de quelques parties du pays faciliterait cette tâche ; il y aurait, il est vrai, tout une classe de la nation à faire disparaître, celle de la noblesse, qui ne serait jamais réduite à l’obéissance ; mais elle est peu nombreuse, et le peuple, restant étranger à la guerre, n’interromprait pas ses travaux et se ferait bien vite à ses nouveaux maîtres.

C’est ce résultat qu’il est opportun de prévenir, et, pour cela, une grande vigilance, notre intervention poussée suffisamment loin dans tous les démêlés sérieux, le maintien d’un accord complet entre les gouvernements vis-à-vis celui du Japon, sont nécessaires. Nous devrons donc avoir toujours à Yedo un ministre auquel on n’aura pas craint de laisser une assez grande liberté d’allures, que justifie la distance de ces parages, un commandant de division ou de subdivision navale toujours prêt, à un moment donné, à montrer le pavillon là où il