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une longue paix intérieure et extérieure de trois siècles, un complet isolement du reste du monde, ont permis aux souverains qui se sont succédé de la polir et de la perfectionner dans ses moindres rouages : aussi n’en existe-t-il pas sans doute qui pousse à ce même degré la réglementation et la prévision de toutes choses.

C’est en présence de ce mécanisme conservateur qu’arrivait brusquement, il y a dix années, le premier flot de l’émigration des races européennes, déjà installée sur les côtes voisines de l’empire chinois, et représentée, en cette circonstance, par les Américains, les plus nombreux et les plus hardis de ces pionniers de la civilisation. Des traités évidemment arrachés au gouvernement du pays par la crainte, venaient de renverser du jour au lendemain, sans le moindre conflit, les barrières dont il s’était entouré depuis trois siècles. Peu de temps après, l’incompatibilité d’humeurs et d’idées avait déjà donné pour ennemis aux nouveaux arrivants tout ce qui appartenait aux classes supérieures ; celles-ci voyaient dans l’avenir, sinon la conquête et l’asservissement du Japon, au moins la certitude d’une révolution sociale qui entraînerait la perte de leur autorité et de leurs antiques priviléges.

Ce fut dès lors une lutte de tous les jours entre le gouvernement du pays, qui cherchait à recon-