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Il a été difficile en tous temps, au milieu de la succession rapide d’événements dont le Japon était le théâtre, au travers de ces alternatives de situations tranquilles et alarmantes, de se faire une opinion sur le progrès et le sort futur de nos relations avec ce pays ; aujourd’hui cependant, avec des notions plus précises sur les événements qui l’ont agité, avec une plus longue suite d’observations à résumer, l’on peut, sans trop de présomption, donner une appréciation de l’ensemble des faits, et en tirer des déductions intéressantes. Nous allons essayer de le faire, en nous demandant quel doit être l’avenir de nos relations avec le Japon, quelle est la meilleure voie à suivre pour les conserver pacifiques et fructueuses, quel est, d’un autre côté, le sort réservé à ce peuple intéressant par la nouvelle existence que les traités lui ont faite depuis ces dernières années.

Au Japon, le jour où les traités ouvrirent aux étrangers l’accès de son territoire, deux éléments se trouvèrent brusquement en présence : d’une part, une société fortement organisée, mais éminemment conservatrice et stationnaire, et basant avec logique le maintien de son immobilité sur un complet isolement des autres sociétés humaines ; d’autre part, l’avant-garde de l’émigration jetée sur tous les continents par l’esprit d’entreprise et la force d’expansion des nations européennes, ap-