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guerriers simulant un combat suivant l’ancienne tactique japonaise. La scène se passait dans la cour intérieure d’un petit château situé dans les faubourgs de Yokohama, au pied de la colline des Gouverneurs. Les manœuvres de bataillon exécutées avec assez d’ensemble par les fusiliers du taïcoun nous avaient initiés à leurs efforts pour acquérir la science moderne de la guerre, et les autorités japonaises paraissaient passablement fières de leur exhibition ; mais pour nous tout l’intérêt du spectacle résidait dans sa seconde partie.

En pénétrant dans une seconde cour, nous avions déjà aperçu une troupe de cent cinquante à deux cents guerriers revêtus de leurs costumes de combat : quelques-uns à cheval, les autres à pied, armés de sabres, d’arcs et de lances. La description de leurs armures serait trop longue, vu leur diversité ; sur le casque des chefs se dressaient des ornements singuliers, des figures de monstres, des cornes de cerf ou de bœuf d’une grande hauteur ; des aigrettes en or ou en argent de toutes formes ; quelques-uns portaient un masque noir en fer, garni d’une moustache postiche en crins blancs qui leur donnait une physionomie hideuse. L’aspect des armures, mélange de mailles de fer et de métal recouvert de laque, variait à l’infini, ainsi que la couleur d’un manteau flottant