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laissant de la suprématie que les apparences, ils finirent par concentrer dans leurs propres mains la direction des affaires de l’empire. C’est dans cet état que les premiers Européens trouvèrent le pays. Les Siogouns, malgré l’énergie qui avait manqué aux faibles Mikados, malgré les divisions qui régnaient entre les princes eux-mêmes, avaient jusqu’alors échoué devant leur résistance. On vit alors les uns accueillir avec empressement les étrangers, leurs inventions et même la religion qu’ils proclamaient, tandis que chez d’autres la présence de ces mêmes étrangers et de leurs adeptes servait de prétexte à des proscriptions et à des représailles. Au milieu de cette existence orageuse, les relations commerciales se développèrent, le catholicisme grandit ; et la croix, tenant en échec les vieilles religions du pays, vint se dresser jusque dans les murs de Miako, la ville sainte, le sanctuaire du culte des Kamis[1].

C’est en 1590, à l’apogée de cet état florissant des comptoirs et des établissements européens, que le célèbre Taiko-Fidéyosi prit en main l’épée des Siogouns. Il sut le premier porter une atteinte sérieuse à l’indépendance de la féodalité japonaise, et jeter les fondements d’un pouvoir central que ses successeurs allaient organiser et affermir. Aussi

  1. L’église de Miako fut fondée en 1560, des lettres patentes de l’empereur du Japon y ayant autorisé les Pères portugais, malgré une vive opposition de tout le clergé national.