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raire d’une famille de daïmios, qui sert provisoirement de légation de France, occupe l’un de ces sommets, d’où l’on découvre d’un côté la ville, de l’autre la rade avec ses cinq forts en ligne droite, fermés à la gorge par une étroite poterne. À un kilomètre environ de Saïkaïdji, un bel escalier en pierre conduit à l’esplanade d’Atango-Yama ; de petits pavillons, où de jeunes servantes japonaises vendent du thé et des gâteaux, permettent au promeneur de se reposer des fatigues de l’ascension, tout en jouissant du coup d’œil du panorama de Yedo. Une mer de toits en tuiles noires, avec leurs bordures en chaux blanche, entrecoupée d’îlots de verdure, occupe tout le paysage jusqu’à l’horizon ; pas de tours ni de monuments, il n’existe rien de semblable dans une ville sujette à d’incessants tremblements de terre[1] ; de temps à autre seulement, un toit plus saillant indique une pagode, une bonzerie ou une habitation seigneuriale. Ces dernières sont groupées pour la plupart en un seul quartier, au centre de la ville ;

  1. Les seuls monuments d’une certaine élévation que nous ayons vus au Japon sont les hautes tours à deux et trois étages qui flanquent l’enceinte des châteaux de Daïmios, encore sont-elles construites en charpente massive, revêtue de maçonnerie à la partie inférieure seulement, jusqu’à la même hauteur que la muraille adjacente. Il existait, il y a peu d’années, à Yedo, quelques tours semblables sur le palais du taïcoun. Elles ont été détruites dans un incendie et n’ont pas été reconstruites depuis.