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pouvaient lui avoir révélée. Les missionnaires chrétiens y étaient arrivés à la suite des navigateurs ; ils furent accueillis avec une faveur aussi grande. Le catholicisme trouva chez le peuple japonais de fervents adeptes, et de nombreux établissements religieux se fondèrent à côté des temples où se célébrait le culte de Bouddha, et celui du Sintisme ou religion nationale.

L’état du pays, d’ailleurs, favorisait l’introduction de l’élément étranger. Des guerres civiles divisaient les grands princes feudataires qui se partageaient le Japon ; soumis, en principe, à l’autorité d’un empereur ou Mikado, duquel ils tenaient leur investiture, ils cherchaient, depuis des siècles, à s’affranchir de cette suprématie et à régner en maîtres sur leurs provinces, dont leurs ancêtres avaient reçu la garde au temps des premiers souverains. Obligés de les ramener constamment par la force au sentiment de leur devoir, les Mikados avaient, quatre cents ans auparavant, créé la charge de Siogoun ou général en chef, personnage investi du commandement des forces impériales, avec mission de maintenir les princes dans l’obéissance. La dignité s’était perpétuée avec l’état de guerre qui en avait été l’origine, et les Siogouns, comme les maires du palais sous nos rois fainéants, avaient peu à peu accaparé l’exercice réel du pouvoir. Reléguant les Mikados dans un rôle à peu près spirituel, ne leur