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résistance, et les plus sérieux dangers menaçaient la colonie européenne de Yokohama. La gravité de ces nouvelles et l’importance de la question qui allait probablement se décider engagèrent l’amiral Jaurès à ne pas différer son départ pour le Japon. La tranquillité dont jouissaient la ville de Shang-haï et les autres comptoirs de la Chine rendait suffisante la présence sur ces points des autres navires de la division, petits bâtiments propres à la navigation des fleuves et des côtes. D’autre part, dans les eaux de Yokohama, un seul navire français, la corvette à vapeur le Dupleix était resté à l’ancre depuis l’automne précédent, chargé actuellement de prêter son appui moral et, au besoin, un refuge au personnel de notre légation et à nos nationaux, déjà nombreux dans ces parages[1].

Sortis de Woosung le 22 avril, nous aperçûmes, deux jours après, les hautes montagnes et les pics volcaniques de l’île Kiousiou. Le 26 au soir nous jetions l’ancre en rade de Kanagawa au milieu d’une imposante réunion de navires de guerre appartenant à diverses nations ; nous apprenions avec

  1. Le nombre de nos nationaux dans les ports de la Chine et du Japon, très-faible dans le principe, s’accroît de jour en jour. Il ne faudrait pas, pour l’évaluer, prendre le mouvement de notre marine marchande dans ces parages ; celle-ci ne fait presque pas d’armements pour les mers de Chine, et cependant les rares capitaines qui s’y aventurent avec leurs navires se félicitent des grands bénéfices qu’ils y font en une campagne.