Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du plus profond mystère. S’agissait-il d’une vengeance personnelle ? D’après les antécédents et les derniers incidents de la vie de M. Camus, cette supposition était inadmissible. Était-ce un nouveau défi de quelqu’un de ces fiers daïmios prêchant la guerre contre les étrangers ; ou bien le gouvernement de Yedo lui-même, après l’insuccès des manœuvres astucieuses destinées à amener l’évacuation de Yokohama, avait-il voulu, en faisant une victime choisie au hasard, pouvoir alléguer un fait sanglant à l’appui de ses assertions menaçantes ? Les autorités françaises, en présence de ces suppositions malheureusement impossibles à éclaircir, ne pouvaient que sommer formellement le gouvernement japonais de prouver la loyauté de sa conduite, tout en lui laissant la responsabilité entière de l’attentat. Dès le lendemain, les autorités locales vinrent en personne remettre les premiers rapports de leurs agents de police. Ces documents faisaient savoir qu’un ou deux paysans avaient assisté de loin à la scène du meurtre ; trois Samouraï armés de sabres avaient frappé la victime ; on les avait vus s’éloigner ensuite rapidement du côté du Tokaïdo. Rien de plus précis ne put être obtenu par la suite ; de volumineux dossiers signés d’une armée d’espions firent suivre la trace de ces trois hommes jusqu’à une assez grande distance ; puis elle fut perdue subitement. Ces documents étaient-ils apo-