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Il était impossible cependant, d’attribuer ce fameux résultat à la répugnance des producteurs et marchands indigènes pour l’exportation. On sait notoirement que, depuis l’ouverture du Japon, l’industrie de la soie, jadis limitée à la stricte consommation du pays, a été considérablement développée, dans le but de fournir aux immenses débouchés qui se sont ouverts. Mais le gouvernement japonais, ne voulant pas se départir de ses vieilles prérogatives, conserve le monopole du commerce et règle dans tous leurs détails jusqu’aux moindres transactions. Son entremise, toujours obligatoire, introduit dans les affaires des entraves sans fin, et son autorité sans limites lui permet d’arrêter, comme il l’a fait parfois, par le seul effet de son caprice, l’exportation d’un produit.

La bonne impression produite sur les autorités japonaises par l’attitude prise à Yokohama par les commandants des forces militaires allait donc s’affaiblissant de jour en jour. Quelle que fût la cause

    buer ce fait, non pas aux droits imposés par le gouvernement local, mais à l’excessive demande du commerce étranger, qui devait bien vite équilibrer les tarifs des marchés japonais avec ceux des marchés d’Europe. L’énorme bénéfice réalisé par les indigènes est en grande partie absorbé par le gouvernement japonais, qui a prohibé la circulation de la monnaie étrangère dans l’intérieur du pays, et qui achète à ses marchands leurs piastres pour les deux tiers de leur valeur intrinsèque, suivant un taux qu’il fixe arbitrairement chaque jour.