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cida le retour. Nous appareillâmes un peu avant la nuit, pour aller mouiller en dehors des passes.

La route que nous prîmes pour rallier Yokohama fut celle de la mer Intérieure. Le 21, dans l’après-midi, après avoir traversé la partie occidentale de cette mer, nous nous engagions dans les détroits qui la font communiquer entre Nipon, Sikok et les îles voisines, avec la mer d’Osaka. Rien ne saurait donner une idée du splendide panorama qui, jusqu’à la nuit, nous tint sur le pont attentifs et charmés. Tantôt resserrée entre deux promontoires, tantôt s’élargissant en baies profondes, la passe que nous suivions, emportés par un courant rapide, présentait à chaque instant à nos yeux un spectacle nouveau et imprévu : des collines couvertes de verdure jusqu’au bord de la mer, de nombreux villages, au-dessus d’eux des pagodes et des châteaux pittoresquement assis sur les hauteurs, des centaines de barques pêchant ou naviguant au milieu de ces eaux, à l’horizon de hautes montagnes aux sommets escarpés. Le soleil couchant vint revêtir de reflets violacés les derniers plans du paysage. La nuit était venue que nos yeux cherchaient encore, à travers les ténèbres, à saisir les aspects de cette belle nature. Nous venions d’entrevoir, au fond d’une baie, les murs et les hautes tours au château de Mihara ; nous jetâmes l’ancre un peu plus loin pour y passer la nuit.