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dans lesquelles il se présentait : il ne venait pas avec l’intention de nuire aux paisibles populations, mais pour venger sur leur prince l’insulte que ce dernier avait faite, quelques jours avant, au pavillon de son pays. Cette proclamation, écrite en caractères japonais, devait être communiquée aux habitants en temps et en lieu.

Le 20 au matin, par un très-beau temps, nous appareillons avant six heures, suivis du Tancrède. L’amiral, sur le rapport du Kien-chan et de la Méduse, a renoncé à faire éclairer la route par le Tancrède ; ce petit navire, faible de coque et ayant sa machine très-vulnérable, serait trop exposé en cas de surprise par un feu inopiné. À mesure que nous avançons vers le centre de l’entonnoir formé par les terres, les détails de la côte apparaissent peu à peu. Le branle-bas est sonné : chacun est à son poste et le plus grand silence règne à bord. Notre attention se partage entre l’examen de la côte où doit être l’ennemi et la vue d’un splendide panorama : sur les deux rives, des collines couvertes de bois, des ravins verdoyants descendent jusqu’à la mer. Quelques jonques à la voile s’engagent devant nous dans le détroit, et disparaissent successivement derrière une pointe de Kiousiou. C’est un peu plus loin, cachée par cette pointe, que se trouve, à six kilomètres environ, la ville de Simonoseki.

Deux coups de canon, tirés au nord dans les mon-