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fallut s’éloigner de la côte. Le 18 au soir nous reconnûmes enfin l’entrée du canal de Boungo ; dans la journée, le Tancrède nous avait ralliés au large. Le 19 au jour, nous donnions dans le canal, précédés du Tancrède ; les grains continuaient et permettaient à peine d’apercevoir par instants les deux rives. La passe est large, mais semée d’écueils, et l’hydrographie en est encore incomplète. Après avoir rangé de près un dangereux récif, nous entrâmes enfin, vent arrière, dans la mer Intérieure. C’est en ce point qu’elle atteint en largeur les plus grandes proportions. Tandis que nous mettions le cap au nord-ouest, les terres disparaissaient presque entièrement à l’horizon ; mais au calme des eaux, malgré la continuation de la brise, nous devinions qu’une barrière arrêtait, derrière nous, la houle du Pacifique. Les jonques se montraient de tous côtés de l’horizon en assez grand nombre. Le soir, après avoir doublé l’un des promontoires de Kiousiou, nous vînmes jeter l’ancre en avant de l’entrée du détroit de Simonoseki. Des terres élevées, courant au nord et à l’ouest, venaient former comme un vaste entonnoir, s’ouvrant vis-à-vis de notre mouillage.

La journée avait été employée à faire les dernières dispositions pour les opérations du lendemain. L’amiral avait rédigé une proclamation annonçant aux habitants du pays les circonstances