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cette opération, dans un chenal étroit et parcouru par un rapide courant, eût exigé trop de temps. Le capitaine adopta immédiatement la seule chance de salut qui s’offrît : faisant démaillonner la chaîne et laissant son ancre au fond, il reprit sa route à toute vitesse, sous le feu des batteries qui durait toujours, faisant voler ses pavois en éclats et coupant ses manœuvres. Il envoya, en passant, quelques coups de canon aux deux navires qui se disposaient à appareiller.

Peu d’instants après apparut la sortie extérieure du détroit. En ce point, deux passes se présentaient pour gagner le large : l’une suivie par tous les navires d’un certain tonnage, longeant la côte sud du détroit ; l’autre, peu profonde, circulant au milieu des bas-fonds et fréquentée généralement par les jonques, passant contre la ville et plus loin entre la côte nord et l’île d’Hikousima. Le pilote japonais, effrayé par les projectiles, était incapable de rendre le moindre service ; toutefois le capitaine n’hésita pas à s’engager, en sondant avec soin, dans la dernière des deux passes. Les deux navires japonais avaient déployé leurs voiles et gagnaient le Kien-chan de vitesse ; par bonheur, ils n’osèrent s’engager sur les bas-fonds. Enfin, vingt minutes après son second appareillage, le Kien-chan, poursuivi par les derniers boulets de Nagato, se trouvait hors d’atteinte. Sa coque était, au-dessus de la flottaison,