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Jusqu’à l’époque où ce récit est parvenu, les navires de guerre ou de commerce parcourant journellement cette route avaient pu remarquer de nombreux ouvrages de fortification construits sur différents points, notamment dans les passes et à l’approche des villes ; jusqu’alors, toutefois, aucun acte hostile n’avait succédé à cette attitude armée, et l’on pouvait croire que les Japonais, à l’exemple de toute nation maritime, songeaient simplement à mettre leurs côtes en état de défense. La nature de la navigation obligeant à mouiller à l’approche de la nuit, les équipages en profitaient pour aller chercher des vivres à terre et y étaient généralement bien reçus par les habitants.

Pendant une récente navigation de la corvette française le Dupleix dans ces parages, les officiers avaient trouvé le même accueil dans leurs courtes relâches, sauf en une seule circonstance. Mouillant un soir devant Simonoseki, ils avaient aperçu des embarcations montées par des officiers japonais se diriger immédiatement vers le bord ; elles avaient formé autour du navire un cordon sanitaire, éloigné brutalement les jonques de marchands qui étaient déjà accourues, et, en un mot, paru décidées à empêcher toute communication. Le Dupleix appareilla le lendemain au petit jour. Cette attitude des autorités de Simonoseki n’étonna personne ; on savait que la ville appartenait au prince de Nagato,