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nuit, le 1er juin, il fut entouré, presque enlevé de force par les yacounines, et, sous prétexte d’un danger immédiat, mis à bord d’un navire japonais qui vint le déposer en rade de Yokohama[1]. De ce jour, il ne restait plus un seul étranger dans l’enceinte de Yedo. Le gouvernement japonais dut s’applaudir d’un résultat auquel il avait consacré trois années de patience et de ruses, et ses efforts se concentrèrent avec d’autant plus d’énergie sur Yokohama. À plusieurs reprises, les gouvernements avaient manifesté l’intention de faire occuper la concession européenne par leurs propres troupes, en alléguant pour cela leurs motifs ordinaires : ces offres ayant été formellement déclinées par les amiraux, ils se bornèrent à garder plus étroitement les issues de la ville.

Sur ces entrefaites, le colonel Neale fut informé par écrit qu’un premier payement des indemnités allait avoir lieu le 18 juin. Chacun s’applaudit d’une solution qui calmait toutes les craintes et éloignait la guerre ; le secret de l’opération consenti par le colonel Neale n’était même plus gardé.

Le 18 et le 19 se passèrent toutefois sans, que la promesse du Gorogio eût reçu le moindre commencement d’exécution.

  1. Un envoyé de la Confédération suisse, M. Humbert, venu à Yedo pour négocier un traité, et profitant de l’hospitalité du ministre américain, dut également quitter Yedo à la suite de l’incendie. M. Fisher, consul d’Amérique, avait jusqu’alors, à l’exemple de son ministre, maintenu, seul de tous les consuls, son pavillon à Kanagawa ; il rentra le 2 juin à Yokohama sous la menace des dangers que présentait pour lui et sa famille le voisinage du Tokaïdo. À la liste des représentants étrangers présents à Yokohama à cette époque, nous devons ajouter M. Clarke, consul du Portugal, dont le gouvernement avait obtenu un traité de commerce, et M. de Rechfus, consul général de Prusse à Shang-haï, en mission extraordinaire au Japon. Ce dernier attendait des circonstances plus favorables pour se rendre à Yedo et y faire ratifier un traité négocié précédemment sur les bases communes à toutes les puissances.