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Pourquoi n’as-tu pas tes vêtements ? — Mon burnous était plein de puces. Cette vermine très incommode, mais que la religion nous défend de tuer, trouve sa vie à terre et abandonne notre linge quand nous n’y sommes plus dedans, j’ai laissé mon burnous, mon haïck et mon zéroual sur un buisson, où je les reprendrai demain matin purgés de ces désagréables insectes. — Mais pourquoi ce bâton et ce couteau ? — par crainte des malfaiteurs. — Tu ne pouvais cependant tenter leur cupidité n’ayant sur toi ni bourse ni un objet de valeur quelconque. — Ne m’exposais-je pas tout aussi bien à rencontrer un fou, et sait-on ce qui peut passer par la tète d’un individu qu’on trouve sur son chemin ? » Il avait réponse à tout, mais je terminai là un dialogue qu’il était inutile de prolonger, et je l’emmenai avec nous. Bou-Alem ne le connaissait pas, mais il lui parut à première vue un amoureux allant à quelque rendez-vous galant et pas du tout un malfaiteur. Il essaya de le confesser, ce fut en vain.

En de telles aventures, le galant se fait d’ordinaire accompagner à distance par un ami, un confident discret et sûr, pour lequel il n’a pas de secret, ce que les indigènes appellent un frère de choix, qui le suit de manière à