Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/36

Cette page n’a pas encore été corrigée

au lien conjugal, et il en efface le souvenir. Des prostituées devenues femmes légitimes, prennent place au foyer dans les mêmes conditions d’honorabilité que leurs compagnes livrées vierges au mari, ou épousées veuves, On met même de la délicatesse à ne point leur rappeler le passé,

Quant aux colons, beaucoup passent légèrement sur la faute, et même quelques-uns savent gré de la preuve faite de la fécondité. On ne voit donc jamais de suicides parmi celles que des amants ont délaissées. Mais il y a des suicides masculins déterminés par le désespoir ou l’alcoolisme. J’en ai constaté deux tentatives chez des Arabes. Un inculpé, enfermé dans une cellule voisine du cabinet d’instruction, essaya de se pendre aux barreaux de la lucarne. Il fut décroché par un gendarme qui, entendant du bruit, regarda par le judas. Quelques jours après, dans cette même cellule, un indigène fut dépendu. Ce dernier dit qu’il lui était apparu un fantôme ou un ange qui lui avait ordonné de se donner la mort par strangulation.

En somme, l’Algérie est un pays où la sûreté personnelle ne fait pas défaut en temps ordinaire. Il faut se garder contre les voleurs, qui y pullulent, mais, en ne provoquant pas de représailles par des actes pour lesquels il