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fourniraient à ses périodes prophétiques de précieux éléments nouveaux, subordonnés à la nature et au rythme des airs.

Mais, pour qu’on pût l’attribuer, comme l’exigeait le but poursuivi, à une intervention magique de puissances extra-terrestres, il fallait que, partant d’elle-même pour éviter une manœuvre de ressort qu’éventeraient vite des yeux forcément en éveil, la musique affectât une espèce d’incohérence fortuite excluant tout morceau normal. La sibylle songea que seules des créatures vivantes, enfermées dans la carte même, lui donneraient, selon son vœu, un continuel imprévu dans l’exécution, joint à une absolue spontanéité d’attaque.

Cinq étages au-dessous de sa mansarde, logeait dans une boutique poudreuse le vieux bouquiniste Bazire, acheteur d’innombrables livres de rebut qu’il revendait aux prix d’occasion.

Se rendant chez Bazire, qui voisinait parfois avec elle, Félicité s’enquit, en vue de son projet, d’un ouvrage concernant les insectes.

Le vieillard lui remit plusieurs traités d’entomologie bien illustrés, qu’elle put feuilleter à loisir.

Après diverses recherches, elle tomba sur le