Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeck qu’il n’eût, sans lui, jamais conquis une complète maîtrise. L’artiste remerciait donc le hasard grâce auquel était venu jadis jusqu’en ses mains un peu de cette cire nocturne, dont le neigeux mouchetage rare sur fond noir l’avait irrésistiblement incité à sculpter avec traits le négatif exact du dessin justement très blanc qui le guidait ; son nom devait un rayonnement supplémentaire à la pridiana vidua présentée, certain jour mémorable, en classe de botanique.

Jerjeck envoya bientôt à Barioulet trois exultants Gilles de marbre, faits par phases suivant sa méthode habituelle. La réponse l’amusa par son style, où éclatait l’esprit fruste et pratique de l’ancien commerçant non affiné par la fortune. Barioulet lui écrivait naïvement : « Je suis content de vos trois Gilles et vous commande une grosse dito, chacun dans une pose différente. »

Ces mots : « une grosse dito », visant des œuvres d’art citées pour leur délicate perfection, provoquèrent le rire de Jerjeck, qui, la lettre sitôt achevée, se mit à la tâche pour le premier des cent quarante-quatre Gilles requis. Polge,