Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un zigzag tourmenté, serpentin, sinueux,
Indéchiffrable, vif, presque tumultueux,
Traçant subitement un fugitif méandre ;
Le bout extrême monte avant de redescendre
Pour suivre le chemin du reste ; le cocher
Espère un avenir rose ; il paraît cacher
Des intentions dont la saveur spéciale
Lui donne une figure heureuse et joviale ;
Son caractère est plein de gaîté, de rondeur ;
Sa pensée absorbée a de la profondeur ;
Son regard, perdu dans l’inconnu, s’illumine
Devant les aperçus séduisants qu’il rumine ;
Il occupe tout son esprit à des projets
Tenus, jusqu’à présent, sévèrement secrets,
Qui lui promettent des heures douces et bonnes.
La voiture est un vieux landau que trois personnes
Utilisent ; certain cahotement léger,
Provenant de la route, élance et fait bouger
Leurs trois têtes, toujours de la même manière ;
Dans le fond, assise à droite, une douairière