Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Un couple extrêmement tendre, en bonne fortune
Et plein d’illusions encore, est arrêté
Un peu plus vers la gauche et de l’autre côté
De l’arcade, devant un peintre qui travaille ;
L’homme est grand et possède un profil de médaille ;
Il est rasé de près, entièrement et bien ;
Il est poseur, il a l’air d’un comédien,
D’un homme plein de lui-même qui, sur la scène,
Cherche de grands accents pour l’amour et la haine ;
C’est lui qui doit, dans sa troupe, être coutumier
De l’emploi délicat, doux, de jeune premier.
La femme, originale, ardente, échevelée,
Se moque un peu de tout ; c’est une écervelée,
N’écoutant que ses seuls instincts, obéissant
Au premier penchant, vif ou non, qu’elle ressent,