Derrière les enfants, assise à quelques pas
Une femme s’occupe à tricoter un bas ;
Faute de mieux elle a pris une vieille chaise
Inconfortable, sale, incomplète et mauvaise,
Dont les pieds, tous les quatre ensemble, ont pénétré
Dans le sable aisément, n’ayant pas rencontré
De résistance ni réelle ni factice.
La femme porte un beau bonnet blanc de nourrice
Mais sans épingles ni grands rubans ; ce bonnet
Ordinaire, banal, tout simple, et qu’elle met
Encore maintenant, est tout ce qui lui reste
De sa tenue ancienne, et tout seul il atteste
Qu’elle fut autrefois nourrice ; les parents
L’ayant appréciée et s’en trouvant contents
L’ont conservée auprès d’eux après le sevrage
Du nourrisson qui, sous sa garde, avance en âge.
Son bas n’est pas depuis très longtemps commencé,
On n’en voit qu’un fragment uni, pas nuancé,
Un début promettant la suite ; elle tricote
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