Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’une existence moins dure.

Un homme pérore
Dans un groupe ; c’est un arrogant freluquet
Qui fait grand cas de son prétentieux caquet ;
Il se complaît dans sa sottise, aime le monde
Où peut s’épanouir et trôner sa faconde ;
C’est un esprit railleur, creux, superficiel ;
Pour lui, parler beaucoup, voilà l’essentiel.
Il s’arrange une vie agitée, inutile,
Fait des visites par douzaines, dîne en ville,
Est célèbre par les cotillons qu’il conduit,
Se documente sur le mouvement, le suit
Ou le précède, quand il peut, mettant sa gloire
À lancer une mode. Il a pour auditoire
Trois femmes comme il faut : deux sœurs à marier
Et leur mère, imposante et qui semble griller
Du désir de caser tôt sa progéniture
Qu’elle garde de son mieux ignorante et pure ;
Elle s’immisce chez les gens tant bien que mal,