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La nourrice, le bras levé, tient dans deux doigts
Tout à fait refermés de crainte qu’il ne sorte
Et pouvant se couler dans l’espace, une sorte
De cordon divisé plus tard en plusieurs bouts
Qui partent d’un endroit et s’enroulent aux cous
De vrais enfants, ceux-là, pourtant moins en bas âge
Que ceux qu’ils veulent faire ; ils ont tous le visage
Encadré d’un bonnet au tuyautage dur ;
Ils dansent tous ensemble et séparément sur
L’épais marbre imité d’une immense commode
À grands tiroirs égaux et d’une vieille mode
Avec sa forme lourde et grosse, en acajou.
Chacun d’eux dans la main brandit quelque joujou
Trop grand, qui fait du bruit, soit un polichinelle,
Soit un hochet très gros, entouré de flanelle.
La nourrice a devant sa jupe un tablier
En linge et que l’on voit encore se plier
Un peu, comme au retour récent du blanchissage ;
Sa jupe est tout à fait pareille à son corsage
Et jusque sur le sol tombe partout très droit