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Conduisent deux par deux un attelage à quatre ;
Une femme à l’avant du char s’amuse à battre
De la tête le rythme accentué de l’air
Qu’on joue, en fermant presque un œil avec un air
Ironique ; elle appuie un poing sur une hanche ;
Lui tombant jusqu’aux pieds, une ample robe blanche
Lui donne bien l’aspect d’un immense bébé ;
Elle tient dans la main un biberon bombé
Gros comme une bouteille et lourd, aux trois quarts vide,
Au fond duquel du lait ou quelque autre liquide
Blanc, l’imitant, remue. Entré dans son bonnet
En coulisse, un étroit ruban rouge au sommet
De sa tête s’amasse et forme une bouffette.
Elle mâche, en bougeant ses lèvres, sa bavette.

Derrière elle, nombreux, tous en bébés aussi,
Hommes et femmes font arriver jusqu’ici
Des confettis, puisant à même, à pleine pelle,
Sur le côté du char, dans une ribambelle
Sans interruption d’auges blanches en bois.