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Il se met, en prenant des larmes dans sa voix,
À dire que c’est mal d’oublier autrefois
Et leur ancien amour, sur un ton de reproche
Grotesque et désolé ; puis, tirant de sa poche
Un mouchoir à carreaux bleus, il essuie avec,
Le promenant de l’un à l’autre, le coin sec
Des yeux peints au regard sérieux et tout terne
De son masque qu’aucun air triste ne consterne ;
Après, continuant à gémir, il étend
Son mouchoir sur sa main droite, puis imitant
Le bruit fort et vibrant de quelqu’un qui se mouche
En soufflant durement au travers de sa bouche,
Il pince fort le masque au nez, dans son mouchoir.
Puis il dit en avoir ainsi jusqu’à ce soir
À pleurer de la sorte et recommence à geindre
De son ton larmoyant, ayant l’air de se plaindre
À Roberte qui rit, de quelque trahison
Ancienne en ajoutant qu’il va boire un poison,
Et qu’on peut être sûr qu’il ne sera pas lâche
Pour l’avaler ; enfin il s’écarte et les lâche,